Les associations jouissent dans l’imaginaire collectif d’un capital de
sympathie important, image confortée par l’invocation des valeurs consensuelles
de générosité et de désintéressement et
sont louées pour leur prétendue ouverture à la « société civile » et les vertus
« solidaires » qu’elles seraient censées incarner. Chez nous, "Adopte, Adapte, Améliore" ou bien encore "Amitié et Tolérance"
Les données statistiques exploitées par les sociologues mettent en évidence
l’inertie des déterminants sociodémographiques de la participation associative
comme la classe sociale, le niveau de diplôme ou encore l’âge, dont les effets
se sont accrus au détriment des catégories qui participent déjà le moins à la
vie des institutions politiques. Les jeunes et les classes populaires sont donc
plus éloignés de la démocratie associative. Ce n’était cependant pas le cas au
début des années 1980. Le regard rétrospectif permet également de nuancer la
plainte récurrente parmi les responsables associatifs d’un « déclin du
bénévolat », dont l’individualisme des sociétés modernes serait responsable,
alors qu’il est plutôt le fait d’une transformation des modalités d’exercice de
la pratique bénévole.
Le nombre des bénévoles associatifs augmente contrairement au sentiment que
l’on en a, mais parmi ces bénévoles, il convient de distinguer les dirigeants
des simples participants occasionnels. Il faut distinguer les membres «
impliqués » (qui exercent des responsabilités dans l’association en tant
qu’administrateur ou membre d’un bureau exécutif), les membres ordinaires et
les membres ponctuels (il y a donc bien des 41 de base et les autres). D’après les enquêtes, le bénévole associatif en France
et en Europe est plutôt un homme âgé de 35 à 54 ans, issu d’un milieu plutôt
aisé et cultivé, possédant un capital scolaire élevé et exerçant ou ayant
exercé une activité professionnelle en milieu moyennement urbain. Le
bénévole d’aujourd’hui recherche davantage l’accomplissement individuel que
celui d’un idéal collectif. Ces constats soulignent que le monde associatif
est bien loin d’être confronté à une « crise du bénévolat » et que ce registre
de dramatisation, fréquemment invoqué, masque en réalité une profonde transformation
des formes et des modalités d’exercice de la pratique bénévole.
Le bénévolat associatif se professionnalise, par là il faut entendre un
processus de rationalisation à la fois en termes de compétence (dont le degré
de spécialisation devient plus élevé) et en termes de statut s’exprimant par l’institutionnalisation
de professions. Dans le cas du bénévolat associatif, la professionnalisation
s’exprime notamment par la participation bénévole qui requiert de plus en plus
de compétences du fait de l’exercice de responsabilités particulières (la vie
associative demanderait ainsi davantage de compétences administratives,
gestionnaires et juridiques).
Des variables qui ne varient pas : les déterminants de la participation
associative
Toutes les enquêtes quantitatives réalisées en France depuis 1982, n’ont
fait que confirmer le poids déterminant des variables sociodémographiques comme
le sexe, l’âge, la profession exercée et le diplôme, sur la probabilité de participer
à la vie associative. Du point de vue du nombre d’associations auxquelles une
personne déclare adhérer, il est intéressant de souligner une tendance générale
à un moindre cumul des engagements (sauf, notons-le, pour les 64 ans et plus
où, au contraire, le cumul augmente).
Parallèlement à la catégorie socioprofessionnelle, le niveau d’instruction
s’avère également fortement discriminant. Les diplômés de l’enseignement supérieur
sont ainsi ceux qui adhèrent et participent le plus aux activités associatives.
L’âge, enfin, contribue à structurer de façon significative la distribution
des taux d’adhésion et de participation associative. Alors que ce taux
culmine pour la tranche des 34 ans à moins de 44 ans en 1982, on constate que
ce sont désormais les individus les plus âgés qui représentent les fréquences
modales de la distribution.
La position hégémonique des
sexagénaires dans le monde associatif
L’analyse statistique met en lumière quelques tendances significatives des
transformations contemporaines de l’acteur associatif : les « baby-boomers » y
occupent désormais une position dominante au détriment des plus jeunes.
Il est d’ailleurs probable que l’allongement de la durée des études,
conjuguée à une dégradation des conditions d’entrée sur le marché du travail
soient des facteurs qui rendent l’adhésion et l’engagement, dont la gratuité
n’est qu’une apparence trompeuse, fortement « coûteux ». Il est ainsi
significatif de constater un effondrement du cumul des adhésions associatives
pour les jeunes actifs trentenaires et quadragénaires de 2002 par rapport à
leurs homologues de 1982. Ce sont donc bien les jeunes retraités qui occupent désormais
une position dominante dans le monde associatif en considérant d’ailleurs bien
souvent leur engagement comme une « seconde carrière » qui les occupe bien
souvent à plein temps. On retrouve donc dans le monde associatif un processus
d’hégémonie générationnelle, de sexagénaires et plus cumulant toutes les
positions de pouvoir.
D’après un article du sociologue Denis Bernardeau MOREAU
2 commentaires:
merci Martial de cette très intéressante introspection sur notre milieu associatif.
La conclusion que l'on peut en tirer n'est pas rassurante pour l'avenir de nos clubs . Il serait intéressant de savoir au bout de combien de temps, après de grandes crises comme celles du début du siècle dernier, les associations non-politisées, ont pu reprendre un taux normal d'effectif.
R Gandois
C'est un constat, c'est une vérité ... mais qui s'applique à toute organisation, à toute structure. Allongement de la durée de vie, disponibilité plus grande des seniors, prise de responsabilités plus acceptées des personnes ayant plus de temps libres, etc ...
R BILLY ROCHEFORT 118
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